Critique littéraire n°25 : Mariage républicain, François Cérésa (2016)
Mariage républicain, François Cérésa, 2016
Par cet ouvrage qui suit Le Lys
Blanc (2015), François Cérésa poursuit les aventures de Marie qui, jadis
abusée par le comte de La Rose-Pitray au début de la Révolution Française, est
devenue fervente jacobine. Travestie en homme, elle est agent de la Convention
et envoyée en Vendée pour y surveiller les contre-révolutionnaires comme Charrette.
Elle cherche aussi à retrouver son fils, Maximilien, le fruit de son viol, enlevé
par Le Lys Blanc, ce personnage masqué et trouble qui ne la laisse pas indifférente.
Elle retrouve aussi le capitaine Louis, dont elle est amoureuse… Agent double
en pleine Terreur, au milieu des massacres perpétrés par les deux partis, Marie
se demande si elle est dans le bon camp… Mais, à la suite de quiproquos, la voilà
prisonnière à Nantes de l'horrible Carrier, terrible représentant de la
Révolution, et soumise au « mariage républicain », jetée à la Loire,
entravée avec son compagnon… Survivra-t-elle à ce supplice ?
Alors qu’il trainait dans ma bibliothèque
depuis de nombreuses années, je me suis enfin décidée à lire ce roman, alors
que j’avais lu le premier tome à sa sortie. Ce dernier ne m’avait pas laissé
particulièrement de souvenirs, ce fut donc assez difficile au commencement de
la lecture du deuxième opus, car l’on est happé par le tourbillon de la
Révolution avec sa multitude d’acteurs, dont on ne sait pas vraiment le parti. Le
roman manque de notes de bas de page explicatives qui pourraient aider le lecteur
à se retrouver parmi les événements et protagonistes. J’ai trouvé l’intrigue
assez compliquée à suivre et peu crédible par moment, car Marie tombe dans de
nombreux pièges tendus par divers ennemis mais s’en sort toujours, par des moyens
parfois très rocambolesques.
Deux aspects du roman ont été rédhibitoires
pour moi à la lecture de cet ouvrage. Tout d’abord, les horribles – je ne
trouve pas d’autres mots – descriptions de Marie, dégoulinantes de male gaze,
exclusivement tournées vers le physique, la sexualité et la sensualité de la
jeune femme. Jamais ne nous est décrit son caractère, rarement sa façon de penser,
par contre nous sommes abreuvés d’aperçus de son corps, de ses « seins
galbés », de sa « croupe bien dessinée » et tant d’autres
qualificatifs déplaisants. Je laisse ainsi un petit message aux auteurs hommes
cis : ce n’est pas la peine d’écrire des romans avec des personnages
principaux féminins si c’est pour les décrire avec autant de sexisme et de misogynie.
Le deuxième élément qui a fait de ce
livre une mauvaise lecture, notamment pour moi qui suis historienne, est le
traitement fait de la Révolution Française, de la Contre-Révolution et notamment
de la guerre de Vendée. Sur cet épineux et majeur événement de notre Histoire,
l’auteur a terriblement manqué de nuances, décrivant les Montagnards et la
Convention comme des monstres sanguinaires et les Vendéens comme des victimes
innocentes. Face à cette lecture complétement révisionniste et à charge de la
Révolution française qui manquait cruellement de nuances concernant les deux
partis et de rigueur historique, j’ai fait quelques recherches sur l’auteur et
le roman – qui m’avait été offert –. Il s’avère que François Cérésa travaille
pour Le Figaro et que le roman a reçu une très bonne critique de la part
du journal Valeurs Actuelles ; pas étonnant de ce fait de lire dans
cet ouvrage un récit digne du révisionnisme du Puy du Fou et de la famille De
Villiers et auquel manque toute analyse historienne.
En résumé, cette lecture n’a été
pour moi d’aucun intérêt, elle n’était ni divertissante ni enrichissante et j’apprécie
moyennement le fait qu’un tel roman puisse être le premier éclairage sur la
Révolution Française pour de nombreux lecteurs. Je me suis forcée à finir ce
livre afin de pouvoir en faire la critique et parce que je n’aime pas ne pas
terminer une lecture, mais je ne lirai certainement pas l’ouvrage qui termine
la trilogie. Je vais plutôt m’empresser d’oublier ce roman, qui, entre male
gaze et révisionnisme, n’est pour moi qu’à fuir.
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