Critique littéraire n°26 : La Mauresse, l'enfant cachée de Versailles, Gérard Hubert-Richou (2015)

La Mauresse, l’enfant cachée de Versailles, Gérard Hubert-Richou, 2015

 



            Ce roman reprend la rumeur selon laquelle sœur Louise Marie de Sainte-Thérèse, appelée également la « Mauresse de Moret », religieuse bénédictine métisse du couvent de Moret, serait l’enfant illégitime de la reine Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV, et d’un nain noir qu’elle avait à son service. Dans ce livre, la jeune femme de seize ans, appelée Marie-Anne ou encore Opportune, s’enfuit de son couvent pour échapper à la prise de voile forcée que souhaitent lui imposer ses « protecteurs ». Nous sommes en 1680 et le commissaire Géraud Lebayle est chargé par Gabriel Nicolas de la Reynie, lieutenant général de la police du roi, de retrouver la jeune fille. Le commissaire est prié d’agir dans la plus grande discrétion. Et, au cours de son enquête, il se rend vite compte que de nombreuses personnes aux sombres desseins sont, elles aussi, à la poursuite de la jeune fille…

 

            J’ai mis plus de huit mois à lire ce livre. Certes, étant actuellement en prépa, le temps pour des lectures de plaisir me manquait, mais c’était surtout la motivation pour avancer dans cette lecture qui me faisait défaut. Je me suis cependant forcée, car je déteste ne pas finir un livre, et parce que je voulais pouvoir faire une critique sur le livre complet ; la lecture a donc été longue et fastidieuse.

 

            Je me suis rarement autant ennuyée face à un roman. Le récit est plat et n’avance pas, suivant un rythme cyclique qui ne fait que se répéter chapitre après chapitre. Lebayle trouve une destination où emmener Opportune pour la mettre en sécurité mais ils rencontrent des brigands qui, quel que soit leur commanditaire, cherchent à s’emparer de la jeune fille. Lebayle, ce combattant ingénieux, met les ennemis au tapis, puis il reprend sa route avec sa protégée en cherchant une nouvelle destination. Et cela se répète inlassablement sur plus de quatre cent pages… Les ennemis changent, les amis aussi mais l’issue est toujours la même : Lebayle est victorieux et continue son chemin avec Opportune ; le commissaire n’est blessé que lors d’un seul combat vers la fin du roman, mais, même là, il réussit à vaincre son adversaire. Les chapitres donnent vraiment l’impression de se répéter les uns après les autres, comme si l’auteur avait juste cherché à rajouter des pages à son roman, ce qui le rend de plus en plus creux à mesure que la lecture avance.

 

            De leur côté, les personnages n’ont aucun charisme, aucun fond, aucun développement. Lebayle est le cliché du policier viril, qui n’a peur de rien, qui a toujours de bonnes idées et un coup d’avance sur ses adversaires. Opportune est la jeune fille en détresse à sauver ; à part sa fugue, elle est peu actrice de l’histoire, à part pour faire des choses « folles » comme partir sans prévenir mais, heureusement, Géraud Lebayle est toujours là pour réparer ses bêtises. Ce roman est donc un parfait archétype de l’arc millénaire de la demoiselle sans défense et incapable de se débrouiller seule, heureusement protégée par l’homme fort sans qui elle ne serait rien.

 

            En plus d’un récit ennuyeux, d’une narration creuse et de personnages fades, ce roman est surtout bourré de misogynie, d’exotisation, de misogynoir (forme de misogynie envers les femmes noires dans laquelle la race et le genre jouent un rôle concomitant) et de clichés racistes. Les descriptions physiques du personnage d’Opportune étaient simplement à vomir, pleines de préjugés racistes : la jeune femme était « féline », agissait comme une « tigresse » ou « une lionne », avait « le sang chaud » et un « teint d’ébène »… Elle était également érotisée à outrance, ce qui était très dérangeant puisque, je le rappelle, le personnage n’a que seize ans. C’est vraiment fatiguant, usant, de lire encore aujourd’hui des descriptions de personnages féminins qui ne font que répondre à des critères sexistes et racistes, où les femmes ne sont qu’objectivées pour le désir des hommes et ramenées à leur sexualité, réelle ou supposée.

 

            En bref, ne perdez pas votre temps avec ce roman. L’intrigue n’a aucun intérêt, le dénouement est couru d’avance, les personnages sont creux et, en plus de cela, le tout est parsemé d’un discours misogyne et raciste d’un autre âge. Passez votre chemin, vous ne perdez rien.







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