Critique littéraire n°10 : Mademoiselle de Pâquelin, Jocelyne Barthel (2015)


Mademoiselle de Pâquelin, Jocelyne Barthel, 2015





            Mademoiselle de Pâquelin est le premier roman de Jocelyne Barthel. Ce roman historique raconte l’histoire de Corine de Pâquelin qui, en 1571, quitte son Hainaut natal pour rejoindre le service de la reine mère Catherine de Médicis. Elle y découvre le mode de vie de la cour, avec ses festivités et ses intrigues et y fait la rencontre du beau Quentin de Gayrand. Problème : en pleines guerres de religion, elle est catholique et lui protestant. Vont-ils survivre à la Saint-Barthélemy ?

            Cet énorme ouvrage de 896 pages témoigne de l’immense travail de documentation effectué par l’auteure, qui a mis plus de trente ans à écrire ce roman. L’on sent la formation historique de l’auteure qui a fait un travail remarquable de recherches, car l’on est extrêmement bien plongé dans l’ambiance de la France du XVIème siècle, entre société de cour et guerres de religions. Je regrette cependant l’absence d’une bibliographie à la fin du roman, mais je suppose que c’est un choix pratique de la part de l’éditeur à cause de la taille conséquente du roman. Au niveau de l’intrigue fictionnelle, les personnages principaux sont attachants, on ne peut qu’aimer la jeune Corine et avoir de la peine pour elle avec ses malheurs. L’on se retrouve dans une romance assez classique, avec ses obstacles, ses beaux moments et le personnage du grand méchant qui contrecarre les projets du couple, ici incarné par le duc d’Epernon. Comme le dit un avis de lectrice imprimé à l’intérieur de l’édition que je me suis procurée, c’est un roman rassurant, une jolie histoire d’amour avec des personnages attachants à lire au chaud avec une tasse de chocolat.

            Si le fond, bien que loin d’être transcendant, reste une lecture assez agréable, la forme est à la limite de la catastrophe. Tout d’abord, le format choisi pour l’édition que j’ai est beaucoup trop grand et ne rend pas pratique la lecture. Ensuite, l’écriture en elle-même est pleine de problèmes qui ne pouvaient que me faire tiquer : des erreurs de syntaxe et de ponctuation, des dialogues qui d’un seul coup repassent en narration sans transition marquée, des tournures de phrase vraiment bizarres et parfois incompréhensibles même après plusieurs lectures, des phrases qui commencent par « mais » ou « et », des virgules placées n’importe comment, des alinéas illogiques… Bref, j’admets m’être parfois demandée si ce roman n’avait pas été publié sans une relecture orthographique et syntaxique de la part de la maison d’édition tellement la forme n’allait pas.

            Ce qui m’a le plus gênée est cependant une chose que je n’aurai jamais pensé dire, à savoir la trop grande présence d’Histoire dans ce roman. Je m’explique : la formation historienne de l’auteure se sent dans le roman par la présence d’explications historiques qui jalonnent le récit. Celles-ci sont bien entendues bienvenues, mais elles sont beaucoup trop présentes et longues, elles alourdissent le récit et risquent même de perdre le lecteur avec l’enchevêtrement de dates, d’évènements et de noms de personnages historiques. Moi-même, bien que familière de cette période de par mes études en histoire, j’ai été parfois déboussolée par la multitude d’évènements, dates et noms cités. L’on sent et comprend l’envie de l’auteure de bien expliquer au lecteur tout le déroulement des guerres de religions mais la plupart des explications auraient mérité de se trouver en notes de bas de page ou dans une espèce de chapitre explicatif historique en fin d’ouvrage. Le côté historique prend ici trop le pas sur la fiction à tel point que l’on se croirait parfois dans une dissertation avec des événements historiques qui se déroulent sur plusieurs pages. A la base, dans un roman historique, c’est l’Histoire qui doit servir la fiction et non la fiction qui doit servir d’excuse pour écrire un pavé sur la France des derniers Valois. A plusieurs reprises, je me suis sincèrement demandée pourquoi l’auteure ne s’était pas contentée d’écrire un ouvrage scientifique sur les guerres de religions en France plutôt que d’y intégrer une fiction que l’on oublie parfois à la longue lecture des combats entre catholiques et protestants. En effet, ces alourdissements font que l’intrigue est longue, elle semble s’étirer sur des pages et des pages, à tel point que l’on se demande parfois quand on en verra enfin le bout. L’histoire, déjà pleine de longueurs, souffre également d’un dénouement et de rebondissements prévisibles, sauf peut-être un seul… aux pages 750…

            En résumé, ce roman à l’intrigue classique et prévisible reste une lecture assez agréable car il nous transporte dans la France du XVIème siècle et accomplit parfaitement bien sa tache de divertissement. Cependant, ce roman souffre d’une écriture maladroite et de trop nombreux pavés explicatifs qui alourdissent le récit. Cet ouvrage mériterait d’être repris et trié, mais il reste tout de même une lecture agréable et réconfortante.













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