Critique littéraire n°9 : Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet (2018)


Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018




      Sorcières, la puissance invaincue des femmes est un essai publié par Mona Chollet, journaliste au Monde Diplomatique et auteure de plusieurs autres essais féministes comme Beauté Fatale, les nouveaux visages d’une aliénation féminine (Zones, 2012) ou encore Chez soi, une odyssée de l’espace domestique (Zones, 2015). Mona Chollet part des chasses aux sorcières à l’époque moderne pour montrer à quel point la construction de notre société patriarcale actuelle est ancienne et est héritière des chasses aux sorcières, en témoignent les stigmatisations que subissent les femmes d’aujourd’hui et qui sont très proches des reproches faits aux sorcières du XVIème siècle.

   Après une longue introduction portant sur les chasses aux sorcières et l’imaginaire collectif actuel et passé sur ces femmes, Mona Chollet a divisé son ouvrage en quatre parties traitant chacune d’une « tare » qui a « justifié » les chasses aux sorcières au XVIème siècle et qui sont toujours aujourd’hui utilisées pour stigmatiser les femmes qui oseraient sortir des normes genrées de notre société patriarcale. L’auteure dépeint comment la volonté d’indépendance, le refus de la maternité, la vieillesse ou encore le rapport à la nature sont des choses que l’on refusait aux sorcières et que l’on refuse toujours aux femmes d’aujourd’hui. Ainsi, par exemple, une femme restant volontairement sans enfants est stigmatisée et est toujours reléguée – même si ce n’est qu’implicitement – aux marges de la société, comme l’ont été les sorcières avant elle, car la non-maternité ne correspond pas aux normes genrées.

     Cet ouvrage témoigne d’un immense travail de documentation et de recherches. Les sources et références sont variées, pointues et précises. Certes, c’est un essai mais il est très facile à lire et fait souvent références à la pop culture, ce qui en fait un ouvrage réellement accessible à tous. C’est un livre incroyable à mettre entre toutes les mains, surtout des filles et des femmes afin qu’elles comprennent qu’elles sont fortes et qu’elles peuvent être autre chose que ce que la société attend d’elles. Cet essai permet également de réhabiliter les sorcières qui, bien loin de l’image que la littérature et le cinéma ont bien voulu en donner, étaient avant tout des femmes qui connaissaient extrêmement bien la nature et la médecine, bien plus que les « médecins » de l’époque. J’ai vraiment adoré ce livre dont les nombreuses références vont certainement me guider vers d’autres lectures. Je recommande fortement ce très bel ouvrage féministe qui fait du bien car il nous réconcilie avec notre statut si compliqué de femme et nous fait (re)prendre confiance en nous pour nous battre contre le patriarcat. Je déplore cependant l’absence d’une conclusion qui aurait pu faire écho à cette si belle introduction et faire un beau bilan de cet incroyable ouvrage, mais je ne sais si c’est un choix éditorial ou de l’autrice elle-même. Mention spéciale cependant au côté très intersectionnel du livre – qui manque parfois aux essais féministes – avec ses nombreuses références à des auteures noires ou encore lesbiennes. Ce livre est vraiment un must-to-read des essais féministes, que vous soyez ou non familier avec ce genre de lecture.








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