Critique littéraire n°9 : Sorcières, la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet (2018)
Sorcières,
la puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018
Après une longue introduction portant
sur les chasses aux sorcières et l’imaginaire collectif actuel et passé sur ces
femmes, Mona Chollet a divisé son ouvrage en quatre parties traitant chacune d’une
« tare » qui a « justifié » les chasses aux sorcières au
XVIème siècle et qui sont toujours aujourd’hui utilisées pour stigmatiser les
femmes qui oseraient sortir des normes genrées de notre société patriarcale. L’auteure
dépeint comment la volonté d’indépendance, le refus de la maternité, la
vieillesse ou encore le rapport à la nature sont des choses que l’on refusait aux
sorcières et que l’on refuse toujours aux femmes d’aujourd’hui. Ainsi, par
exemple, une femme restant volontairement sans enfants est stigmatisée et est
toujours reléguée – même si ce n’est qu’implicitement – aux marges de la
société, comme l’ont été les sorcières avant elle, car la non-maternité ne
correspond pas aux normes genrées.
Cet ouvrage témoigne d’un immense
travail de documentation et de recherches. Les sources et références sont variées,
pointues et précises. Certes, c’est un essai mais il est très facile à lire et fait
souvent références à la pop culture, ce qui en fait un ouvrage réellement
accessible à tous. C’est un livre incroyable à mettre entre toutes les mains,
surtout des filles et des femmes afin qu’elles comprennent qu’elles sont fortes
et qu’elles peuvent être autre chose que ce que la société attend d’elles. Cet
essai permet également de réhabiliter les sorcières qui, bien loin de l’image
que la littérature et le cinéma ont bien voulu en donner, étaient avant tout
des femmes qui connaissaient extrêmement bien la nature et la médecine, bien
plus que les « médecins » de l’époque. J’ai vraiment adoré ce livre
dont les nombreuses références vont certainement me guider vers d’autres
lectures. Je recommande fortement ce très bel ouvrage féministe qui fait du
bien car il nous réconcilie avec notre statut si compliqué de femme et nous
fait (re)prendre confiance en nous pour nous battre contre le patriarcat. Je déplore
cependant l’absence d’une conclusion qui aurait pu faire écho à cette si belle
introduction et faire un beau bilan de cet incroyable ouvrage, mais je ne sais
si c’est un choix éditorial ou de l’autrice elle-même. Mention spéciale cependant
au côté très intersectionnel du livre – qui manque parfois aux essais
féministes – avec ses nombreuses références à des auteures noires ou encore
lesbiennes. Ce livre est vraiment un must-to-read des essais féministes,
que vous soyez ou non familier avec ce genre de lecture.
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