Critique littéraire n°6 : Adélaïde et le coeur du Régent, Linda Sayeg (2015)


Adélaïde et le cœur du Régent, Linda Sayeg, 2015





Adélaïde de Lanuzac, fille d’une dame d’honneur de la Palatine, belle-sœur de Louis XIV, grandit à la somptueuse cour du Roi Soleil et y évolue aux côtés de ses plus fameux personnages comme Madame de Maintenon ou encore le duc d’Orléans. Dès l’enfance, elle est éprise du fils ce dernier, Philippe, le futur Régent, qui est également amoureux d’elle. Les deux enfants se promettent le mariage, n’étant alors pas encore conscients que cela leur est impossible. Mais à l’adolescence, les choses changent pour Adélaïde. Si elle est toujours éperdument amoureuse de Philippe, son cœur s’enflamme également pour Louis-Auguste, duc du Maine et fils légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. Le roi, soucieux d’éloigner celle qu’il considère comme une intrigante mais également d’assurer à ses enfants légitimés un bel avenir tout en écrasant ce neveu qu’il voit comme une menace à son pouvoir absolu, conclut alors des mariages qui ne sont que mésalliances. Adélaïde, victime comme tant d’autres du Grand Roi, doit donc suivre son mari en Nouvelle-France. Lorsqu’elle revient à Paris en 1718, sous la Régence de Philippe devenu duc d’Orléans, elle constate que, si la France lui parait méconnaissable, ses sentiments n’ont en revanche pas changé…

A la fin de la lecture de ce livre, je suis extrêmement mitigée à son sujet. D’un côté, j’ai apprécié l’intrigue générale qui suit les amours contrariés d’Adélaïde et de Philippe d’Orléans de 1684 à 1723. La romance prend une grande place dans le livre, cela m’avait au départ beaucoup freiné, mais elle est compensée par des intrigues politiques et des complots intéressants. Les personnages sont en général bien écrits et j’ai apprécié le fait de voir une peinture du Régent bien éloignée des clichés habituels et faussés sur sa personne. De plus, l’on sent que l’auteure a bien travaillé son sujet, en témoignent les conséquentes notes historiques à la fin du roman ou encore la bibliographie ainsi que les biographies des grands personnages cités.

Cependant, d’un autre côté, beaucoup de choses m’ont dérangée dans ce roman, en commençant par différents points de forme. J’ai trouvé que la manière d’écrire de l’auteure était parfois trop simple, enfantine dans certains cas, cela ne faisait pas vraiment professionnel. Je prendrai pour exemple un point grammatical qui personnellement me gêne : l’utilisation du « on » comme pronom personnel sujet, à l’image d’une phrase telle « à la cour du roi, on trouvait le temps long ». Si l’utilisation du « on » n’est pas une faute, pour ma part je trouve cela trop familier. Cela fait trop langage parlé pour moi, je lui préfère l’utilisation du « l’on ». Toujours du côté de la forme, j’ai également trouvé dommage que soient inclus dans le corps du récit de nombreuses et longues explications historiques qui, la plupart du temps, auraient mérité d’être placées dans des notes de bas de page car elles alourdissent le récit. Pour terminer sur la forme, j’ai également trouvé que le format du roman n’allait pas du tout : bien trop grand et trop lourd, la lecture n’était pas toujours facile selon les lieux. Le roman aurait mérité un format plus pratique.

Si plusieurs éléments de formes m’ont gênée, ce sont les quelques erreurs historiques et les nombreux moments non crédibles historiquement parlant qui m’ont le plus dérangée dans ce roman. Pour les erreurs, je citerai comme exemple le fait qu’au début du livre, Adélaïde, Philippe et leurs amis comme Louise-Françoise, une autre bâtarde du roi, vivaient à Versailles alors qu’ils ne sont que de jeunes enfants de même pas dix ans. En effet, il me semble que les enfants n’étaient pas élevés à la cour de Versailles et qu’ils n’y faisaient pas leur entrée avant l’adolescence. De plus, dans la première partie du roman se déroulant à la fin du règne de Louis XIV, beaucoup de scènes n’étaient absolument pas crédibles historiquement parlant à l’image d’une conversation extrêmement intime entre Madame de Maintenon et Adélaïde aux pages 60 et suivantes ou encore le fait que Philippe et Adélaïde, cachés sous un lit lors de la visite inaugurale de Saint-Cyr, surprennent une conversation intime, presque galante, entre Louis XIV et Françoise de Maintenon à la page 72. La palme revient aux diverses conversations intimes et improbables entre Louis XIV et Adélaïde ou certains autres des différents personnages enfants, par exemple entre les pages 76 et 79.  

Ce roman me laisse donc mitigée. En effet, si j’ai vraiment accroché à partir du retour d’Adélaïde en France sous la Régence, toute la – longue – première partie se déroulant à la cour de Louis XIV contenait trop de passages manquant de crédibilité, ce qui m’a beaucoup gênée lors de ma lecture. En somme, ce roman n’est pas mauvais mais il n’est pas exceptionnel non plus. En général, le côté historique est bien traité même si certains détails sont erronés. Très – voire trop parfois – chargé en romance, ce livre reste agréable à lire mais ne laisse pas un souvenir impérissable.










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