Critique littéraire n°5 : La Saga des Reines, Jean des Cars (2012)


La Saga des Reines, Jean des Cars (2012)




La Saga des Reines est un ouvrage de biographies retraçant les vies de douze souveraines européennes de légende, de Catherine de Médicis à Elizabeth II.

Lorsque j’ai reçu ce livre, j’étais très emballée par une lecture d’un ouvrage traitant de femmes, car ces dernières sont souvent oubliées des livres d’histoire. Malheureusement, j’ai vite déchanté… Notons tout d’abord que, si l’on oublie Astrid de Belgique et Zita de Bourbon-Parme, l’auteur a choisi de présenter des femmes dont le parcours a été vu et revu, à l’image de Marie-Antoinette, alors qu’il aurait été plus judicieux, à mon humble avis, de choisir des souveraines un peu plus oubliées et qui mériteraient que l’on s’intéresse à elles, comme par exemple la reine Anne de Grande-Bretagne. J’aurai également apprécié un ouvrage qui ne se contentait pas de personnages européens mais qui s’ouvrait sur d’autres continents.

Dans un deuxième temps, j’ai trouvé que souvent la lecture faite par l’auteur du parcours de ces femmes était bien simpliste et suivait parfois des clichés sans chercher à les déconstruire. Prenons pour exemple Marie-Antoinette : l’auteur appuie énormément le côté « frivole » de la reine, ainsi que son côté dépensier. Si Marie-Antoinette aimait faire la fête plutôt que les études, le terme « frivole » me parait assez insultant pour cette femme qui n’était pas dénués d’intelligence. De plus, le cliché tenace d’une Marie-Antoinette dépensière est terriblement biaisé : certes elle dépensait beaucoup d’argent, surtout en comparaison avec la misère générale du peuple français de l’époque, mais elle ne dépensait pas plus que le roi son mari, ni qu’une autre reine ; mais, elle était femme et étrangère et, dans un contexte de crise extrêmement tendu, les contemporains ont eu besoin de se trouver un bouc-émissaire.

Ce qui m’a cependant le plus dérangée dans l’ouvrage était le fait que majoritairement, ces souveraines sont traitées par l’auteur selon le prisme de leur mari ou au travers de leur rapport (ou non rapport) avec les aspects dits « féminins » comme le mariage, la maternité… Le rôle politique de ces reines est souvent occulté : la présentation de la reine Victoria, immense souveraine, est presque entièrement centrée autour de ses maternités et, pire encore, après la mort d’Albert, la fin du règne de Victoria (quarante ans !) est résumée en quatre pages. L’auteur ne traite d’ailleurs même pas du personnage de Mohammed Abdul Karim, pourtant important pour aborder la fin de vie de la reine Victoria.

Globalement, j’ai trouvé que ce livre traitait les douze souveraines de manière trop expéditive, à l’image du chapitre sur l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, très centré sur son enfance, où l’on apprend peu sur elle et son rôle, et qui expédie à nouveau sa fin de vie ; comme pour Victoria, dès la mort de son mari, la fin de vie d’Eugénie est traitée en peu de pages, alors qu’après 1873, elle vécut encore quarante-sept ans…

Expéditif, comportant quelques erreurs et une écriture trop romanesque qui fait de l’histoire de ces femmes presque une « fiction », cet ouvrage de vulgarisation historique porte bien son nom et montre que faire l’histoire des femmes est encore compliqué de nos jours…  











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